Le Patrimoine, sujet régalien
Bientôt les journées du Patrimoine qui rythment la rentrée et permettent une augmentation sensible de la fréquentation des monuments historiques ainsi que l’ouverture de monuments ou de lieux généralement fermés au public. Elles permettent avec la gratuité une prise de conscience du grand Patrimoine en France ainsi que la découverte de beautés ou singularités cachées.
Les journées du Patrimoine, initiées par Jack Lang en 1984, furent étendues à l’Europe par la suite dans les années 90, sachant que le patrimoine culturel est en principe un axe majeur de l’action du Conseil de l’Europe. A ce jour, une cinquantaine d’états participent à l’opération (jusqu’à la Moldavie et la Biélorussie), ce qui représente un vrai succès.
Le Comité directeur de la culture du patrimoine et du paysage est théoriquement chargé en Europe de conserver/restaurer/protéger/valoriser l’ensemble du patrimoine européen commun. On sait en fait ce qu’il en advient dans la réalité avec de nombreux accrocs récurrents à ces grands principes. Il n’y a pas en effet d’instance d’appel concernant toutes les destruction et mutilations du Patrimoine et des Paysages, sans parler de l’aspect culturel.
Ces journées sont une bonne idée mais constituent de fait l’arbre qui cache la forêt du Patrimoine, d’une part car il s’agit d’un événement purement symbolique, d’autre part car c’est principalement une opération de communication sans aucun engagement sur la protection du Patrimoine, enfin compte tenu du peu de cas qui en est fait dans la gestion courante du Patrimoine.
Au surplus, ces journées qui ont peu changé dans leurs modalités, demanderaient un renouvellement et une mise en œuvre plus large et modernisée, la quantité, la qualité et la dispersion géographique ne permettant pas à ceux qui le souhaitent de découvrir une palette très large et diversifiée de lieux emblématiques. Prodomo est d’avis d’étendre le concept pour le rendre plus flexible, plus attractif et plus fréquenté, par exemple passer au lieu de deux jours à un mois différent par région, ce qui permettrait le développement à la fois des entrées et du tourisme.
Enfin, Prodomo considère le Patrimoine au sens large (culturel, architectural, paysager) comme un domaine régalien qui mérite mieux qu’une direction du Ministère de la Culture qui a assez peu de pouvoirs et de moyens financiers. Il s’agit d’un sujet central qui exige un ministère de plein exercice avec des ambitions, une stratégie et des moyens. Il ne s’agit pas en l’ occurrence d’un projet conservateur mais d’un sujet civilisationnel,permettant de fédérer le pays et la société.
François Vilnet,
Président